Quelques rappels pour éviter l’erreur…

Il est toujours facile de se dire, à posteriori : « j’aurai pu éviter cela…. j’aurai DU éviter ça…. ».

Bien entendu, certains dysfonctionnements dans le cycle de prise en charge du patient sont difficilement maitrisable, certains retards ne sont pas uniquement dû au médecin, chirurgien, obstétricien, etc.

Nous invitons nos assurés à se remémorer fréquemment des gestes simples, des réflexes de bases, des vérifications nécessaires et indispensables, du dialogue évident à avoir entre confrère médecin ou auxiliaire médical, etc.

Ce petit chapitre n’est aucunement présent pour faire acte de « morale », non, son ambition est plus sage : garder en toute circonstance du « bon sens ». Bon nombre d’erreurs peuvent être évitées…

- un examen clinique incomplet ou une absence de rapport écrit. Essentiel pour votre mémoire et donc utile non seulement pour vous lors d’une deuxième consultation mais aussi à votre éventuel remplaçant ; - des examens complémentaires, soit non demandés, soit dont le résultat n’a pas été transmis, soit non terminés ; - des examens complémentaires prescrits de manière inutile, retardant l’intervention d’un spécialiste et la pose du diagnostic final

La communication entre les différents professionnels de santé est essentielle, tout au long du suivi du patient. Les retards de diagnostic peuvent être liés tout simplement à des retards de transmission d’examens. Nous voyons beaucoup de décisions de justice dues à un dysfonctionnement de la relation tripartite entre le patient, son médecin généraliste et les médecins spécialistes. Voici quelques conseils de bases en termes d’information du malade :  - Le praticien doit évidemment sensibiliser celui-ci quant à la nécessité de se prêter aux prescriptions, pour qu’il ait parfaitement conscience de la gravité de la situation et de l’urgence à se faire traiter. Il devra pouvoir le démontrer, ce qui impose une traçabilité dans le dossier.  - Il est souhaitable que le praticien demande au patient de le rappeler quelques jours après le moment où les examens complémentaires importants doivent être réalisés.   - En cas d’examen complémentaire, il revient avant tout au laboratoire de s’assurer que le médecin généraliste a bien reçu les résultats.

Quelques exemples: ● Un médecin généraliste prescrit des marqueurs sériques de dépistage d’anomalie fœtale chez une femme de 37 ans dont il assure le début du suivi de grossesse. La patiente est ensuite suivie par d’autres praticiens, mais à aucun moment, les résultats ne seront réclamés ni par elle, ni par ces autres praticiens. Elle accouche d’un enfant atteint de trisomie. La décision judiciaire fait remarquer que le fait pour le praticien d’avoir ou non reçu la lettre adressée par le laboratoire importe peu : c’est hors du débat juridique. Il se devait de surveiller le résultat des examens qu’il avait lui-même prescrits et donc veiller à leur bonne réception.  ● Un laboratoire aurait bien transmis au médecin généraliste qui l’avait demandé le résultat d’un test HIV. Il aurait même pris contact avec lui pour l’informer de la positivité de ce test. Aucun des deux protagonistes n’a la moindre trace de ces échanges. Le problème est que le patient n’a pas lui-même été informé de la positivité de son test, qu’il n’a d’ailleurs pas demandé. Il ne l’apprendra que 16 mois plus tard, alors qu’il est marié (par bonheur, l’épouse n’a pas été contaminée), à l’occasion d’une hospitalisation du fait de l’aggravation de sa maladie. La motivation de la décision judiciaire est là aussi marquée au sceau de l’évidence : il pèse sur le médecin une obligation de donner au patient les informations nécessaires à la prise de conscience de l’affection dont il souffre ; une maladie aussi préoccupante oblige de surcroît à la plus grande vigilance ; en s’abstenant à son retour de vacances de s’enquérir du résultat, le praticien a sans aucun doute commis une faute. ● Un médecin a prévenu par courrier sa patiente d’un résultat histologique révélateur d’un cancer, malheureusement en l’adressant à une ancienne adresse. Il est parvenu à la patiente avec un délai suffisant pour juger qu’il avait occasionné un retard de prise en charge préjudiciable au traitement salvateur de ce cancer débutant. ● Un  médecin reçoit le résultat pathologique d’un frottis chez une patiente qui devait revenir en consultation pour une vaccination. La secrétaire connaissait la date du futur rendez-vous, distante de plusieurs jours. Elle a classé le résultat dans le dossier médical, en pensant que médecin et patiente en prendraient connaissance à ce moment-là. Il faut noter au passage que ce comportement aurait pu être celui du médecin. Or le rendez-vous est annulé et le résultat n’est pas transmis dans les délais à la patiente, qui ne l’a pas réclamé. Il était hélas positif.  Vous le voyez,  plusieurs leçons peuvent être tirées de ces exemples quant à la prévention : - s’enquérir du résultat de tout examen demandé ; - en médecine hospitalière comme en médecine de ville, demander à son secrétariat de ne jamais ranger un examen dans un dossier sans que le médecin ait attesté qu’il l’a vu et alerté son patient s’il est pathologique ; - informer le patient de la nécessité de prendre contact, qu’il ait ou non reçu le résultat ; - faire attention aux périodes de vacances et de remplacement.

Il convient de satisfaire à son devoir de conseil, pour lequel les magistrats ont aujourd’hui tendance à raisonner comme pour le devoir d’information, en renversant la charge de la preuve : le praticien est tenu de se justifier quant à la réalité et à la pertinence des conseils donnés.